En 1867, il existe au Luxembourg trois sociétés savantes entre lesquelles il n’y a aucun lien commun:
– la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques (Société archéologique fondée en 1845),
– la Société des sciences naturelles (fondée en 1850),
– la Société des sciences médicales (fondée en 1861).
Pour donner plus de relief à leur activité, surtout vis-à-vis du public, pour pouvoir mieux défendre leurs intérêts communs et pour se prêter un appui mutuel, on en vint à se demander s’il n’était pas opportun de réunir ces trois sociétés en une seule.
Dans la séance du ler mai 1867 de la Société des sciences naturelles il est décidé “qu’il sera fait au nom de la Société des démarches officieuses auprès de la Société archéologique et auprès de la Société médicale pour la réunion des trois sociétés en une seule société”.
Cette suggestion fut reprise par le Directeur général des Finances d’alors, Alexandre de Colnet-d’Huart, ancien secrétaire et l’un des membres les plus actifs de la Société des sciences naturelles. Il formula cette idée d’une façon éloquente dans la dépêche ministérielle du 18 mai 1867 adressée aux trois sociétés en question.
“Messieurs — écrivit-il — Au moment où notre patrie se trouve dégagée de tout lien qui l’unissait à des pays voisins, où elle est livrée à ses propres forces, tous les hommes de coeur et d’intelligence doivent redoubler d’efforts pour que le Luxembourg s’élève et se maintienne à la hauteur des nations qui nous entourent. (…) Les frontières de notre pays sont restreintes, par suite chez nous le nombre des personnes qui par goût se livrent à l’étude des sciences est très petit; ce n’est donc qu’en réunissant toutes nos productions intellectuelles que nous pourrons produire dans le monde scientifique une impression qui soit favorable. Quoique bien incomplètes ces considérations suffisent, ce me semble, pour vous faire sentir, Messieurs, combien il serait à désirer qu’un lien commun unît les trois sociétés scientifiques du pays….”
Le règlement organique de l’Institut royal grand-ducal de Luxembourg, nom que devait porter la société nouvelle, fut élaboré par une commission mixte, composée de délégués des trois sociétés. Le 18 janvier 1868, dans la séance plénière des trois sociétés réunies, il fut discuté et adopté. Finalement il fut approuvé par l’arrêté royal grand-ducal du 24 octobre 1868.
L’Institut ainsi constitué se composait alors de trois sections correspondant aux susdites sociétés et se nommant respectivement: Section des sciences historiques, Section des sciences naturelles et mathématiques, Section des sciences médicales. Le roi grand-duc était le protecteur de l’Institut et son lieutenant-représentant, le Prince Henri des Pays-Bas, en était le président d’honneur. En cette qualité le Prince Henri pouvait diriger lui-même les opérations de l’association toutes les fois qu’il assistait à une de ses réunions. L’intérêt marqué par le souverain et son lieutenant-représentant est sans doute à considérer comme la persistance de l’idée chère au despotisme éclairé du siècle précédent que l’épanouissement des sciences mènerait tout naturellement au bien-être de l’Etat.
Par leur statut les trois sections avaient dépassé le cadre d’une simple société. Elles avaient un caractère semi-officiel et, dans une certaine mesure, représentatif vis-à-vis de l’étranger. Le recrutement s’opérait par cooptation et le nombre des membres effectifs était limité. Pour la Section des sciences, ce nombre était de 25 au départ. A côté des membres effectifs, il y avait encore un nombre non limité de membres correspondants ou agrégés et de membres honoraires.